Lundi matin, au Home de l’Intyamon, le conseiller d’Etat Georges Godel et le syndic de Bas-Intyamon Roland Kaeser ont célébré l’entrée dans la 100e année d’Alice Jaquet. Droite sur ses deux jambes, celle-ci a offert des sourires émus durant toute la cérémonie. CLAUDE HAYMOZ
Alice Jaquet, 100 ans de soleil et de pluie
Quel effet cela fait de cheminer dans sa centième année? Alice Jaquet est entrée dimanche dans le cercle très fermé de ceux qui peuvent y répondre. Son verdict à elle est aussi léger que son sourire: «A bientôt 100 ans, il me semble encore mieux comprendre le monde.» Une délicate sagesse qui se teintait d’humilité lundi matin au moment de recevoir son cadeau de centenaire remis par le conseiller d’Etat Georges Godel. «Je suis trop gâtée », confiait-elle à mesure que ses joues rosissaient. En présence des membres de sa famille, de ses enfants notamment, la cérémonie organisée au Home de l’Intyamon lui a permis de ressasser les souvenirs d’une vie passée sous le ciel d’Estavannens. Née le 10 février 1914 dans le foyer d’Emile et Félicie Jaquet-Barbey, Alice est la quatrième d’une fratrie de dix enfants. Sa maman décéda alors qu’elle n’avait que sept ans. Après sa scolarité accomplie au village, Alice Jaquet a suivi un apprentissage de couturière à Bulle. Elle est restée quelques années à la maison pour s’occuper de ses jeunes frères et soeurs avant de partir pour Montreux, puis Lausanne. Elle a exercé en terres vaudoises le métier d’employée de maison pendant six ans.
Retour à Estavannens
Alice Jaquet a retrouvé son village natal pour se marier le 2 mai 1942. A la chapelle du Dah, elle s’est unie à l’agriculteur Joseph Jaquet. Quatre enfants ont vu ensuite le jour. Par malheur, l’aînée décéda à l’âge de 18 mois. Aujourd’hui, Alice a la joie de choyer cinq petites-filles et cinq arrière-petits-enfants. Depuis son mariage, elle a vécu à la ferme du Clos-Rouiller. Elle aidait aux durs travaux de la campagne tout en s’occupant du jardin. Dans le même temps, Alice pratiquait son métier de couturière en confectionnant notamment des habits pour ses enfants. Veuve depuis 1994, elle a habité à la ferme familiale jusqu’au mois d’octobre dernier. Depuis, elle réside au Home de l’Intyamon. «J’ai bien pleuré avant de partir, mais ici jamais!» raconte-t-elle avec conviction. Dans l’établissement de Villars-sous-Mont, elle est de toutes les sorties et de toutes les activités. En plus des parties de cartes avec ses nouvelles connaissances, elle s’octroie des moments pour tricoter des couvertures. Alice Jaquet se sent bien au home, ce qui ne l’empêche pas de dire «chez nous» lorsqu’elle parle de la ferme familiale d’Estavannens. Cette ferme qu’elle aimait à décorer pour voir passer le cortège de la Poya. Son mari Joseph comptait parmi les organisateurs des premières éditions. De 1956 à 2000, Alice Jaquet n’a pas manqué une seule Poya d’Estavannens. Et ses enfants comptent bien l’emmener à la fête en mai prochain. «Si tout va bien», tempère Alice Jaquet. A la voir aussi droite sur ses jambes, un verre de jus d’orange à la main, on doute qu’il puisse en aller autrement. En fin de cérémonie, Alice Jaquet s’est vu rappeler à quel point les habitants de l’Intyamon étaient un peuple de chanteurs. Le syndic Roland Kaeser a entraîné les invités à entonner un happy birthday enjoué. Même Georges Godel s’y est mis: «Je ne suis pas choriste, mais je chante dans un choeur à sept», a plaisanté le conseiller d’Etat. Décidément, l’ambiance était à la bonne humeur hier matin. Une évidence lorsqu’on fête cent ans avec un sourire si ému. YG
Historiquement, c’est la première centenaire d’Estavannens Maurice Jaquet est le seul centenaire d’Estavannens (5 décembre 2002).
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